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SAGGI 2010

La télévision publique face aux nouveaux environnements web

Francisco Rui Cádima


«Television is not about to suffer the fate of music or newspapers, yet the next few years will be dangerous nonetheless. A handful of upstart websites, with audiences smaller than many channels at the bottom of the program guides, have already rattled the giant TV industry.»

Joel Budd, The Economist (May, 1st 2010)

 

Notre réflexion a pour but de proposer d'éventuelles portes de sortie à la crise systémique du modèle public de télévision – avec des répercussions significatives sur l'ensemble des systèmes médiatiques –, étant donné qu'il est de plus en plus urgent de mettre en œuvre une inflexion du dit-modèle.

Le renforcement de la stratégie de légitimation des médias publics passe, selon nous, par une distinction claire entre le modèle et les contenus des médias publics vis-à-vis de l'offre des opérateurs de nature commerciale – ainsi que par l'anticipation, toujours dans une logique alternative, d'une migration cohérente du broadcast vers le web.

Il est primordial de savoir où se situe aussi bien l'intérêt général ( public value ) des contenus de service public que la légitimité des médias publics.

L'exigence d'une évaluation de l'intérêt général d'un contenu donné nous permet de vérifier si un nouveau service, pour le Net par exemple, s'inscrit ou non dans la mission de service public.

On connaît déjà le Public-Value-Test (BBC), tout comme le Three-Step-Test (ARD/ZDF), des systèmes dont s'inspirent d'autres opérateurs publics européens, mais jusqu'à présent RTP n'a fait aucune proposition dans ce domaine au Portugal.

La légitimité semble davantage associée à des questions de nature « budgétaire » qu'à un mandat de qualité du service proposé ou, en d'autres termes, à l'indépendance de l'opérateur, à la diversité et au pluralisme et à ses contenus. Cet état de fait illustre, somme toute, l'euphémisme qui subsiste autour de la relation entretenue depuis toujours, d'une façon générale, entre les États européens et leurs télévisions officielles. Ceci explique également l'éternel rapport de dépendance des services publics vis-à-vis de l'audiométrie et des indicateurs de marché, plutôt que vis-à-vis d'études qualitatives approfondies, indépendantes, plus en adéquation avec la mission publique et la prestation d'un service de grande responsabilité sociale et culturelle.

La crise économico-financière des services publics européens est indéniable. On pourrait commencer par le cas anglais, où la stratégie actuelle de contention budgétaire semble peu convaincante : «(...) The breakdown of the “savings” so far is illuminating. 13% is from using fewer and cheaper staff and talent (...) and 28% from switching budgets from “lower value” programming to “higher quality” programming» (ELSTEIN, 2010).

Mais des changements s'opèrent bel et bien sur le web par le biais des public value test . En revanche, au même moment, le service proposé par voie analogique – alors qu'il touche toute la population – ne dispose pas d'un contrôle aussi assertif et exigeant, mis en œuvre par des institutions indépendantes.

On peut également évoquer ici brièvement le cas portugais, qui comporte, comme l'évoque le président de RTP, Guilherme Costa, un risque significatif : «il y a un risque important de voir une RTP ayant davantage de fonds publics que ceux que le budget de l'État peut se permettre, mais avec moins d'argent que ce qui est exigé par sa mission et sa viabilité économique, dans le cadre d'un processus progressif d'asphyxie économique» (COSTA, 2010).

Selon les dires du président de RTP : «(...) Dans un contexte où l'espace pour une grande chaîne qui rassemble toute la population continue à se réduire (et cela depuis 20 ans), privilégier cet espace dans la défense de la mission de service public, en sacrifiant l'espace du web, des contenus pour Internet et des réseaux sociaux (...), équivaut à entrer dans l'ère numérique en pensant toujours de façon analogique. Il est très probable que le Web devienne un jour la principale plate-forme du service public médiatique» (COSTA, 2010)

Par conséquent, il faut donc retenir que les contenus ayant des caractéristiques de service public sont dorénavant un peu partout : «Sites providing curated and direct access to cultural, scientific and intellectual activity, spectacle and debate testify both to the actual range and depth of new media public service and public interest content. These pioneers testify even more powerfully to the potential of new media to contribute to public service content provision. Not only do new media provide channels through which new and different providers can reach users but they offer an interactive capacity, at best enabling constructive collaboration, collective deliberation and mutually respectful debate, properties which are, at best, weakly present in “legacy”, one-to-many, mass media» (COLLINS, 2010).

Mais comment concevoir une régulation européenne, ou nationale, qui mette en œuvre une évaluation qualitative rigoureuse du service public analogique et accorde ainsi véritablement la première place à la qualité, comme l'a défendu le Directeur-général de la BBC (THOMPSON, 2010) ?

Il ne faut donc pas s'étonner que le contenu d'un important rapport promu par le think thank Policy Exchange (OLIVER, 2010) – et selon lequel la BBC doit subir une reformulation radicale, de manière à pouvoir survivre dans la nouvelle ère numérique – recommande à la BBC de privilégier la qualité au détriment des audiences et de ne plus dépenser d'énormes sommes dans l'achat de droits de retransmission sportives et de talk-show populaires, des contenus que l'on retrouve à foison dans les chaînes privées.

Mark Oliver commence par reconnaître ce que nous savons tous, même si nous persistons à ne pas vouloir le comprendre : « TV programmes influence people's behaviour and have an impact on society. Too much sex and violence for instance has a negative impact, while current affairs and documentaries give us a better understanding of other cultures and the world around us, leading to greater cultural cohesion, and a positive benefit for society.» (OLIVER, 2010a). L'importance est donc incontestable pour opérateurs du service public d'investir dans la production nationale, la promotion de l'identité culturelle d'un pays et la préservation de son héritage historique et patrimonial, des cultures minoritaires aux cultures universelles.

En ce qui concerne la BBC, Oliver souligne qu'elle est toujours une «highly regarded public institution in the UK» , même si 60 % des Britanniques estiment qu'actuellement elle « uniformise par le bas » son offre de programmation et que 67 % sont plutôt favorables à une réduction de son financement.

Sur le web, les news du site www.bbc.co.uk atteignent un taux de 30 % (UK), valeur identique à celle des sites des journaux britanniques. Toujours selon Mark Oliver, se pose toutefois la délicate question d'une mise en place peu pertinente du public value test : « There is an elaborate and superficially open process to ensure the BBC maximises public value from the licence fee while minimising any unnecessarily negative market impact. But the public value test framework is not really working.» (OLIVER, 2010a)

Mark Oliver (2010a) énumère quatre grandes raisons sous-jacentes à ce dysfonctionnement : i) l'impossibilité de contester l'application du dit-modèle ; ii) la «mainmise de la régulation», ce qui équivaut à dire que le régulateur devient «l'otage» de la gestion de l'organisation/opérateur, de telle sorte qu'il la protège de toute critique externe ; iii) une perception biaisée du sens du «reach», ce que signifie que le système d'audiométrie est clairement privilégié au détriment de la qualité du service et de la diversité de la programmation ; iv) l'absence d'une évaluation indépendante sur l'impact en termes de marché dans des domaines-clefs, compte tenu que le test s'adresse aux nouveaux services et non aux services déjà existants.

Entre-temps, le document «The BBC Strategy Review», publié par le BBC Trust (2010), préconise la mise en discussion de la Royal Chart de 2006. Les principales propositions du Trust reposent sur le caractère spécifique du contenu de la BBC, dans la mise en œuvre de sa mission de service public et dans la problématique des limites de son action face au secteur commercial, notamment en ce qui concerne les contenus en-ligne.

Par la suite, la proposition a été commentée par une équipe du Goldsmiths Leverhulme Media Research Centre (CURRAN et al, 2010), laquelle a estimé qu'elle était peu ambitieuse et quelle pouvait non seulement engendrer une diminution en termes de la qualité, mais aussi porter préjudice à l'ancien «espace public» traditionnellement associé à la BBC.

 

Nous sommes tout à fait d'accord avec l'équipe du Goldsmith en ce qui concerne les investissements sur le web, que la dite-proposition réduisait de 25 %. D'une façon générale, on peut dire que les politiques de contention doivent se concentrer sur le service public traditionnel ayant une évaluation qualitative négative dans le cadre d'un «public value test» spécifique.

 

Le régulateur britannique venait entre-temps confirmer le déclin d'aspects importants relatifs à la prestation du service public de télévision ( Public Service Broadcasting - PSB) au Royaume-Uni (OFCOM, 2010) , tout en réaffirmant l'existence d'une opinion publique favorable en ce qui concerne l'apport des chaînes PSB à l'identité culturelle du Royaume-Uni.

 

Quasiment au même moment, les premières conclusions du BBC Trust (2010a) sur la BBC Strategy Review proposaient des changements sensibles dans la culture et le comportement. Cette nouvelle culture doit être d'une grande transparence en termes de coûts/bénéfices ( value for money ) du service et de contenu diffusé (novateur et différencié), de telle sorte que la qualité soit mise en avant.

 

En ce qui concerne plus spécifiquement les contenus en-ligne, il faut souligner la reconnaissance accordée par le Trust au potentiel de la bbc.co.uk pour présnter une valeur éditoriale dans des domaines prioritaires (dans des contenues éducatifs, par exemple) et pour renforcer des contenus clairement spécifiques et, donc, d'exclure des contenus de la BBC n'ayant pas une logique manifeste de service public.

 

En définitive, il s'agit d'évaluer, de façon globale, la stratégie des chaînes de télévision publiques, sachant estimer plus efficacement le caractère spécifique des contenus, ainsi que de communiquer le changement de comportement exigé par cette stratégie, mais aussi d'ajuster l'offre des multiples plate-formes au changement technologique, de réfléchir au partage des contenus, à la question des contenus et des archives en ligne face à l'analogique.

 

Le renforcement du poids de l' entertainment sur le broadcast a pour conséquence une dépolitisation progressive des publics, ce qui engage à repenser en profondeur les objectifs, la mission, les contenus, les pratiques et les plate-formes de distribution des médias publics.

 

Nous avons donc affaire à une tâche laborieuse, dans la mesure où – s'il est vrai que les stratégies qualitatives des public media service , apparemment contrôlées par les systèmes de tests publics, convergent aujourd'hui vers le numérique – c'est vraisemblablement et paradoxalement encore sur le vieux broadcast , compte tenu de son actuelle résilience, qu'elles se font encore le plus sentir.

 

Bibliographie

BBC Trust (2010), The BBC Strategy Review, March. London: BBC Trust.

BBC Trust (2010a), BBC Strategy Review - Initial conclusions, July. London: BBC Trust.

BUDD, Joel (2010), «Changing_the_Channel», A special report on television, The Economist , May, 1st.

CÁDIMA, F. Rui (2010), «La_era_digital._Legitimidad_de_los_medios_de comunicación_públicos», TELOS, Cuadernos de Communicación y Innovación Número 83, pp. 13 - 22. Madrid: Fundación Telefónica.

COLLINS, Richard (2010) «Getting_public_service_broadcasting_reviews_"just right"», The Public Service Broadcasting Forum, 7 July.
 
COSTA, Guilherme (2010), «RTP - Serviço Público e dinheiros públicos» (II), Público , 5 de Julho, p. 21.

CURRAN, James et al (2010) «The BBC Strategy Review: Goldsmiths Leverhulme Media Research Centre responds», The Public Service Broadcasting Forum, Opendemocracy.net, 6 June.
 
ELSTEIN, David (2010), «BBC governance: widening faultlines strengthen the case for a commission of inquiry», The Public Service Broadcasting Forum (http://www.opendemocracy.net/psbf), 12 July. Consultado em 13.07.2010 (LINK)
 
OFCOM (2010) Public Service Broadcasting - Annual Report. Ofcom Research Document, 14th July.
 
OLIVER, Mark (2010), «Changing the Channel: A case for radical reform of the Public Service Broadcasting in the UK», http://www.policyexchange.org.uk/, 14th January.

OLIVER, Mark (2010), (2010a) «Changing the Channel», The Public Service Broadcasting Forum, 21 April,
 
PORTER, Andrew (2010), «Licence fee for 'wasteful' BBC will be cut», Daily Telegraph (16/7/2010).

RAMOS, João (2010), «A televisão e os seus vários futuros», Expresso/Economia, 10 de Julho, pp. 12-13.
 
THOMPSON, Mark (2010), «Putting Quality First», About the BBC Blog, 2 March.